On s’est dit ça, oui.
On s’est dit que ça ne pouvait plus durer et qu’en ce début de nouvelle année on avait décidé d’être heureux. Pas des morceaux de petit bonheur arrachés par miracle à la coquille blême des jours, non, nous ce qu’on veut c’est du vrai bonheur, inoxydable, de celui qui colore les joues et fait que les yeux pétillent. Un bonheur qui rutile sur tout le visage, disons comme les rayons du soleil percutant le capot galbé d’une belle automobile, noire ou rouge métallisé, les paillettes de polymère qui lancent des étincelles dans la résine acrylique.
On le visualise très bien ce bonheur. On le veut pur, dur, qui dure. Il est là déjà qui nous fait de grands signes sur nos écrans de télévision high-tech, il est là encore, dans la rue, tout autour de nous, qui nous invite à emménager dans ces pièces de papier glacé de 4 mètres sur 3, 12 mètres parfaitement carrés qu’habitent des hommes et des femmes magnifiquement jeunes, tellement vivants, tellement heureux, les éclairs de diamant qui jaillissent de leurs bouches illuminent les murs blafards de nos grandes villes, on envie leurs chairs fermes et lisses qu’on devine sous une peau tantôt diaphane, tantôt hâlée, traversée par des yeux à l’éclat de silex, limpides, tellement clairs.
On s’est dit ça oui, que c’était cette clarté, cette limpidité qui manquait à nos vies, la transparence du cristal ou du quartz qu’il suffirait de boire sans doute pour qu’enfin à l’intérieur de nous une oscillation parfaitement stable s’installe, un écho en tout point pareil aux vibrations émises par le grand Univers. Que peut-être nos corps finissent par baigner dans quelque chose de plus fluide, une huile d’or satinée, et que puissent couler des jours mais vraiment heureux.
Cette année, c’est décidé.
On va changer.
Se transformer.
Et rien ne nous fera renoncer.
Commentaires
Enregistrer un commentaire